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Rêve de May
17 juillet 2013

La fin du temps: Chapitre 2

tibimi

 

Novembre 2010, Paris, temps perdu.

Dans la ville, des cristaux flottent dans les airs. Noir et blancs, les gens sont immobiles. Plus rien ne bouge, le vent n'a pas soufflé depuis plus d'un an. Sur le fil entre l'histoire et l'humanité, comme sur le doute du temps, à l'agonie, qui vit sur ses réserves. La nuit avait nappé de ténèbres le monde avant sa mort, pour le laisser pétrifié dans cet affreux rictus. Un jeune homme glisse sur les flaques
d'eau privé de mouvements, ombre noir, seul survivant à l'agonie universelle.

 

Vêtu d'un sweat bleu en parti caché par sa longue cape noire. Il gribouillait et crayonnait dans son cahier vert, cette scène, il l'a connaissait. Il était humain, mais peut-être un peu mort. Contrairement à la prêtresse du temps, entité investi dans ce monde, le protecteur est humain, autoproclamé protecteur et guides de ces femmes déboussolés à leur arrivé. Spectateur de l'invisible, il est temps de quitter les gradins. Le jeune homme marchait doucement, tranquillement, vers un vieil immeuble du quartier historique. Il regardait autour de lui avec des yeux d'enfants, les arbres, les fleurs, les objets si ordinaires pour les tiers et extraordinaire pour lui. Sur le fil entre l'homme et la créature, l'être mystique s'approcha de la grande porte en bois. Elle était fermée. Le temps l'avait scellé, comme tous les objets de ce monde périmé. Le jeune homme rangea son cahier dans une poche intérieure de sa cape.

Il s'assit devant la porte, et caressa du doigt les plaques de bois. Remontant avec les marques du bois, il commença à se redresser sur ses genoux, à s'accroupir, à se lever petit à petit, il glissait son doigts dans une danse guidé par les ramures de l’orfèvrerie du temps qui avait sculptés cette porte.
Il était impossible de l'ouvrir normalement, il devrait recourir à ses manipulations interdites. Le garçon retira son doigt du bois rugueux et plaqua sa main, paume contre bois, violemment. Des cercles blancs commencèrent à se dessiner sur la porte. Le garçon vêtu de bleu agissait sur le temps. Les cercles s'écartaient rapidement de sa main, comme l'ondé de l'eau dans une flaque. Les
cercles était de plus en plus rapide et virait de plus en plus vers le rouge, puis les couleurs sombre en passant par le rouge, le bleu... Emporté par une valse incontrôlable, la porte s’effaça du temps. Elle disparut du champ de vision du jeune garçon, laissant juste l’encadrement de la porte dans la
pierre, une unique trace de ses pouvoirs aussi dangereux qu'utile. Pour voyager dans un espace hors temps comme il venait de faire depuis plus d'un an, les obstacles étaient nombreux. Simple mécanisme au quotidien, ouvrir une porte est un défi par ce genre de situation.

 

Le monde à l'envers peut-être, tant de sens possible pour interpréter une telle cacophonie d'illogisme et d'éléments non concordants. Il n'y avait plus rien dans le rien du vide de ce monde, juste un garçon qui veut changer ça, protégé par une étrange cape noire. Le garçon, haletant, repris son souffle et s'engagea dans le hall de l’immeuble. Des poussières se mouvaient dans les airs, comme une neige légère qui hésite à tomber. Il suivit la course de la poussière. Au quatrième étage, dans
l’immeuble numéro 9, se cachait la cause de la fin du monde. Le jeune homme tremblait, comme s'il redoutait la réalité, l'évidence. Fébrile, il marchait sur les marches du vieil escalier de bois, une main contre son cœur et l'autre sur la rampe de l'escalier. Les poussières se multipliaient, comme un nuage blanc qui voletait de ci, de là, cherchant peut-être où aller. Il ne s'attarda pas sur les détails. Le rythme de ses pas s'intensifia. Il se mit finalement à courir vers le haut, toujours plus haut...


Il atteignit le 4eme étage, chancelant. La poussière était devenue brume, englobant le monde autour de lui. Comme les résidus maléfiques de ce monde. Elle s'intensifiait, comme vivante, autour de l'appartement numéro 9. Aveuglé, la cape noire se fit engloutir par les brumes blanches. Le garçon
pénétra dans le hall de l'appartement. Le parquet craquait sous ses pas. Se protégeant les yeux de ses deux bras, il s'avançait pas à pas. Sa capuche tomba, révélant ses traits fins, ses cheveux mi- longs et ondulés, bruns noisette, et ses yeux de la couleur du ciel. Il se dirigea à l'aveugle, vers le fond du couloir, jusqu'à ce que son pied heurte quelque chose. La fumée de dissipa d'un coup, sans prévenir, laissant le jeune homme dans son effroi.


Devant lui se tenait une dizaine de créatures, de toutes formes, de toutes les couleurs. Des hybrides sortis du temps était immobilisés devant lui. Il n'en avait jamais vu d'aussi imposant. Il se dirigeait tous vers une même direction, la chambre de la jeune fille qu'il connaissait, la prêtresse du temps. Évitant les créatures, il pénétra dans la chambre. Il ne se faisait pas d'illusions, il était trop tard, c'était sûr. Mais l'éventualité la plus infime doit être explorée de long en large. Mais comme il le pensait, la chambre était vide. Un ordinateur allumé, un bouquet de marguerite, une robe verte, un cahier bleu, et rien. Elle avait disparu, ce qui était horrible, mais logique. Toujours cette implacable logique régissant le monde. Il s'effondra au sol, comme s'il réalisait enfin la gravité de la situation. Le temps agonise, son émissaire a disparu. Il saisit le cahier bleu, bleu comme son sweat. Il regarda la robe verte, verte comme son cahier. Il huma le doux parfum qui s'en dégageait. Il pouvait prendre ces objets qui avaient assez côtoyé la prêtresse pour être oublié du temps pendant un instant. Il ouvrit le cahier où était recueilli les voyages, les temps qu'avait vu la prêtresse. Elle avait fait comme il avait dit, elle avait consigné son histoire pour vivre un peu plus encore dans le cœur des gens qui l'a lirait. Il avait une boule dans la gorge, ses yeux lui piquaient un peu. Il rangea le cahier avec le sien dans la poche intérieure de sa cape. Il voulut oublier tout ça, il avait déjà vécu cette scène, il pensait que c'était sa faute, il aurait dut être présent quand le temps fut condamné. Il reporta son attention sur autre chose. L'ordinateur était allumé, scellé par le temps mais allumé. Au moment de son attaque, la prêtresse écrivait un mail.


Il lui était destiné. Il le parcouru rapidement des yeux, mais en restant dans le rythme du texte. La petite avait juste criée un peu trop fort, ouvert une brèche un peu trop grande. La pauvre ne pouvait avoir aucune liberté, tous ses actes devaient être prémédités, l'entité divine n'a pas de droits. Elle l'aimait, ça, il s'en doutait. Ça le touche bien sûr, il est humain après tout, mais son cœur est déjà pris. Sur le fil entre l'amour et la mort, elle l'avait remercié. Ce mail le fit se sentir encore plus coupable. Il n'était pas présent pour la guider, lui, le protecteur. Son unique devoir, sa raison de vivre, il avait échoué. Pouvait-il encore prétendre à ce titre ? Une larme, deux larmes, le garçon sombra dans son désespoir, il s’effondra au sur le bureau. Il les avaient tué, toutes les deux.

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