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Rêve de May
13 septembre 2013

Melancolia

BUDz-_ICAAAj-ER

Je m’appelle Audrey, et l'automne est ma saison.
Je crois que je suis née avec cette drôle de mélancolie que je ne peux expliquer. J'aimais écouter le courant de la rivière et les feuilles qui tombent qui me rappelaient que le temps ne s'arrêtera pas. Quoi qu'on fasse, les feuilles ne remonteront pas dans l'arbre et la rivière ne coulerait pas à l'envers. Quoi qu'on fasse, la mélodie continue et nous emporte vers un avenir meilleur.
Aujourd'hui, je n'y crois plus.

Vous pouvez me dire que j'ai tord, rien ne changera, je suis comme ça. Je sais qu'en restant dans ce petit monde qui ne me ressemble pas, je finirais par devenir folle. Je me lasse de chercher la lumière tout en sachant que le lendemain sera semblable à aujourd'hui comme aujourd'hui fut semblable à hier.

Septembre se termine et emmène l'été avec lui. L'automne a repris, avec ma mélancolie. Cette saison, comme l'adolescence sont empreintes de cette mélancolie, mais aussi d'une part de folie. Peut-être que cette dernière est plus importante en moi pour m'avoir poussée à faire ça.

Après les cours, ce soir-là, j'ai marché. Je ne savais pas où aller, ni que faire de cette vie inutile. Devais-je suivre le modèle qu'on m'avait imposé ? Prendre le bus, et rentrer sagement chez moi ? Cette question, mille fois, je me la suis posée. Mais jamais je n'avais dérogé à la règle, j'allais obéir et suivre cet ennuyant destin une nouvelle fois.
J'ai pris le bus, et me suis assise au fond, près de la fenêtre. Machinalement, je sortis mon carnet de mon sac de cours et commençai à écrire lentement. Pas trop vite, profiter de la caresse de la plume sur le papier, saignant mon cœur pour en faire couler l'encre, pour qu'il emporte toutes les douleurs avec lui. Est-ce que je suis née pour attendre ma mort ? Ces questions me hantaient. J'écris les événements inattendus de ma vie pour la rendre intéressante, et m'inventer une histoire. Ce n'est pas une corvée, juste nécessaire pour conserver ma santé mentale. Je savais que la lumière ne viendrait jamais, que ce n'était plus la peine de la chercher.

On arrivait au carrefour des rêves brisés. Je l'appelle comme ça amicalement, après avoir vu un homme s'effondrer de désespoir sur son pavé. Ces passants qui avaient pour rôle de meubler l'histoire où j'étais le personnage principal. Cette histoire fictive qui n'existait que dans mes rêves. La lumière ne viendrait jamais.



Une fois la page du carnet rassasiée, je sortais mes écouteurs et mon baladeur MP3 pour me laisser porter par la musique. Parfois, j'avais envie que les démons de mon enfance resurgissent, ne serait-ce que pour avoir un ennemi contre qui lutter. Et enfin me sentir exister. Mais ils ne viendraient pas. Je suis seule dans ce petit monde.

Autour de moi, dans l'ombre du bus, des fantômes se chevauchaient. Ces hommes et femmes que je ne connaissais pas, juste des silhouettes inconnues vivant leur vie barbante, sans âme pour témoigner de leur douleur. Eux ne pensaient pas comme moi. Eux, ils étaient heureux. Ils pouvaient vivre dans ce petit monde, se satisfaire de ce morne destin. Peut-être n'avaient-ils jamais songé à vivre autrement. C'était leur monde à eux. Mais pourquoi je ne m'y insérais pas, comme tout le monde ? De cette vie, je n'en voulais pas. Par la fenêtre défilaient les roses fanés, les hortensias flétris. J'arrivais "chez moi". Là où je savais ne pas avoir ma place.


Avant de m'en rendre compte, j'avais raté mon arrêt. Je n'avais même pas le courage de sortir au suivant et de courir pour arriver à l'heure à la maison. Les larmes me montaient aux yeux, honteusement. C'était tellement futile de pleurer pour ça, j'en étais consciente, et devant ma faiblesse, je ne pouvais que pleurer encore plus. Je ne voulais pas de cette vie, mais je n'avais pas le courage de tout plaquer pour tout changer. Je me sentais si seule. Personne ne ressent cette mélancolie. Trop vite, j'entendis le bus prononcer son dernier appel :

Terminus, tout le monde descend.

J'étais si loin de chez moi maintenant. La nuit commençait à tomber, et plus aucun bus ne passerait à cette heure-là. J'ouvrais mon portable pour envoyer un message, mais il n'avait plus de batterie.
J'étais bien obligée de sortir du bus. Je restai quelques instants immobiles dans l'embrasure des portes coulissantes. Où allais-je pouvoir aller ? Je n'en savais rien.
Je descendis finalement du bus pour me retrouver en proie de la fraîcheur de la nuit. J'ai suivi les roses fanées et les hortensias, pour m'éloigner de la route. En proie en doute, je ne savais plus où aller, mais cette situation m'amusait. Enfin quelque chose d'intéressant se passait dans ma triste vie.
Je me suis assise, sous les branches d'un vieux chêne. Il perdait ses feuilles, qui tombaient en voletant à mes pieds. Ce vieux chêne ne respirait plus, cet automne serait sûrement son dernier automne. Jamais plus les feuilles repousseraient dans ses ramures. Sous ce chêne, je me suis assise, et j'ai attendu. J'ai attendu qu'on vienne me sauver, me ramener à ce quotidien. Puis, doucement, je me suis endormie sous le vieux chêne.



Le matin était arrivé, mais j'étais devenue une autre. Le vieux chêne était mort, et c'était comme s'il m'avait offert son dernier souffle, pour m’insuffler la vie. Une renaissance pour vivre la vie que je rêvais de vivre.
Je pars en voyage. Certains diraient que c'est de la folie. Mais c'est cette folie, cette mélancolie qui fait celle que je suis.

Ma vie s'arrête là, ma vie commence ici. Je me suis levée.

Je m'appelle Melancolia, et l'automne est ma saison.

 

[Texte réalisée à partir des mots "Lumière", cette image et cette musique. Merci à @Minephilik, @HinokeChan et @Asuralnsane pour leur participation! Remerciements tout spécial pour @_SoraNoHoshi qui m'a donnée l'image. N'hésitez pas à commenter, à partager, à voter ce texte. Et n'oubliez pas de me suivre sur twitter pour me proposer des mots, des images ou des musiques pour le prochain texte! (@JudyKagamine) Sur ce, bonne lecture!]



↓ @RIADHOFG (youtubeur de talent) A COMMENTER CE TEXTE 
Sa chaîne youtube : http://www.youtube.com/user/RiadhOFG

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Commentaires
L
ce texte... il parle de toi?
R
Hellooooow c'est Rifton :D<br /> <br /> J'ai tourné sur ton blog et il est vraiment sympa :) <br /> <br /> Merci pour ton courrier! Ça m'a fait vraiment plaisir!<br /> <br /> Bonnne continuation, Coeur sur toi ^^
N
Un texte chargé d'émotion. J'écoute la musique tout en m'imaginant cette fille sortant du bus, regardant les nuages se coucher avec le soleil.<br /> <br /> Fantastique, mélancolique, magnifique. Très émouvant, un de mes préférés.
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