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Rêve de May
28 juillet 2013

Angel

White-angel-ariah

« Adieu »

Alice avait dit ça d'un ton froid, non-chaland, ses yeux brillants de colère. D'un coup de paume contre mon torse, elle me poussa en arrière, dans les ténèbres. Je ne me suis même pas débattu. Ce sort, je le méritais amplement. Je méritais la peine maximale pour avoir commis le péché ultime.

Dans un torrent de plumes, je voyais Alice et mon monde si familier disparaître au loin, au-dessus de moi. Je ne sentais plus rien, mon corps me lâchait, m'abandonnant à mon sort, comme tout le restes. J'étais seul, personne ne pourrait m'aider. J'étais seul.

La chute risquait d'être longue, entre le ciel et la terre. Cette femme, je ne lui avais jamais parlé, elle ne m'avait jamais vue, mais elle avait pris mon cœur, alors qu'il appartenait à Alice. Et pour ça, je méritais la mort. Parce que cette femme dont j'étais follement amoureux, c'était une humaine. Une relation défendue, mais l'amour ne se choisit pas. J'aurais voulu aimer Alice, je le voulais de tout mon cœur. Si seulement... Maintenant, il est trop tard, j'allais mourir.

Pourtant, on m'avait laissé le choix. Partir, et mourir, ou rester, et la tuer. Elle qui ne savait rien, elle qui avait déjà tant souffert. Je ne pouvais pas faire ça, cela aurait été si injuste. Mon cœur dirigeait ma tête et ma raison avec. Jusqu'à en oublier la morale. Jusqu'à en oublier la mort. Évidemment, je ne pourrais survivre à une telle chute. Mais c'était mieux comme ça. J'étais conscient de mes actes. J'avais fait mon choix.

Très vite, les nuages disparurent de mon champ de vision. Mon monde tout entier disparaissait à l'horizon. Là-haut, il y avait toute ma "vie". Je n'osais même plus regarder la terre, regarder la mort en face, là, en bas. Mon histoire était finie, à peine après avoir commencé.

Je n'avais aucun souvenir de ma vie avant d'être arrivé là-haut. Comme tout le monde, j'avais dû vivre sur la terre, avant. J'étais en apprentissage pour devenir un ange gardien.

Deux ans. J'avais à peine vécu deux ans dans ce paradis si pur, sans aucun souvenir de ma vie d'avant. Et déjà la mort me retendait ses bras. Il fallait croire que je lui manquais. Et qu'est-ce qu'il y aura, après la mort de ma mort ?

Évidemment, cette femme, je ne lui avais jamais parlé. Jamais je n'avais pu la voir en face, et jamais je ne le pourrais. Au début, j'entendais parler d'elle autour de moi. La rumeur louait le travail d'un ange gardien qui gardait en vie l'humaine qu'il avait à sa charge, et ça semblait plutôt ardu. Cette fameuse terrienne dont je ne connaissais ni le nom ni le visage m'intriguait. Cette femme qui pleurait son mari mort en mer, en se rendant face à l'océan à l'heure de sa mort, tous les soirs. Cette femme protégée des remous par son ange gardien avait attiré mon attention.

J'ai passé beaucoup de temps à l'observer, depuis le ciel. Je découvrais une femme splendide, ses longs cheveux blonds cascadants sur ses épaules si fines. Elle fixait le large jusqu'à en imprégner la couleur dans ses yeux. Ses yeux, je n'en avais jamais vu d'aussi beau.

À l'heure de la mort de son mari, elle venait sur la falaise, face à la mer, et regardait l'océan, les yeux éteints. Comme si elle espérait que les vagues lui ramènent l'homme qu'elle aimait. Chaque soir, sans jamais manquer à l'appel. La regarder me donnait une raison de "vivre" en ce monde où ces mots n'ont plus de sens. Alors je venais la contempler en secret, tous les soirs.

Un soir, néanmoins, son ange gardien s'absenta. Il veillait sur elle depuis longtemps, et pensait qu'il n'y aurait plus rien à craindre. Mais le destin est bien farceur. C'est ce soir même qu'elle décida de mettre fin à sa vie. Je la vis étendre les bras, faire un pas vers l'océan déchaîné. Puis un autre. L'océan bouillonnait désormais à ses pieds, menaçant de l'emporter.

Ce soir-là, j'ai paniqué, et j'ai eu recours au pire pour l'empêcher d'aller rejoindre son mari. Si j'avais appris une chose depuis ma mort, c'était que la vie était précieuse. Alors je n'ai eu aucune hésitation à utiliser les formules interdites. Cette femme, je lui ai fait oublier son mari, en quelques gestes à peine. J'ai regretté, un instant seulement. Jusqu'à ce que je voie ses yeux s'allumer, briller la lune dans ses iris, et son sourire s'éclairer.

En ce monde, où nos pouvoirs sont infinis, quelques règles avaient été érigés. Les plus importantes étaient de ne pas entretenir de sentiments de quelques natures que ce soit avec un humain, et de ne pas influer sur leur mental. Seuls les anges gardiens d'un humain pouvaient se permettre de jouer avec les éléments pour aider son humain.

J'avais enfreint toutes ces règles, et ça se remarqua très vite. Déjà par son ange gardien. J'étais déjà condamné à mort pour ce que j'avais fait, alors j'avouai la nature de mes sentiments envers cette femme. Assumer mon amour, pour moi, et pour les autres. Et c'est ma propre fiancée qui avait voulue être mon bourreau.

Maintenant, autant utiliser l'honneur qu'il me reste pour regarder la mort en face. Alors je me suis tourné, pour plonger mes yeux dans le vaste océan, celui qui avait pris le mari oublié. Je devais me montrer digne, pour elle.

Mes ailes se sont évaporés avec le choc contre le grand bleu.



« Bonjour Monsieur. Vous allez bien ? »

Le sable sous mon corps, et les vagues me léchant les orteils. Quelle était cette sensation ? Comme quelque chose de... Vrai. Je me suis redressé pour voir l'ombre à la voix cristalline qui me parlait. Ébloui par le soleil, je ne pus que voir des yeux bleus. Les plus beaux que je n'avais jamais vu.  

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Commentaires
L
même si je ne comprend pas bien la fin, j'aime bien cette nouvelle.
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